DE LA FRANCAFRIQUE A LA MAFIAFRIQUE/LECTURES ANTIRACISTES ET ANTICOLONIALES 6

Publié le par mraplunellois

« DE LA FRANCAFRIQUE A LA MAFIAFRIQUE »

FRANCOIS XAVIER VERSHAVE

Editions TRIBORD 2004 collection FLIBUSTE

 

de la françafrique à la ....L’intérêt de ce petit ouvrage est d’être un résumé de l’ensemble du travail et de l’œuvre de Vershave, présenté lors d’une conférence devant des travailleurs sociaux. Une œuvre à découvrir ensuite en entier à travers la lecture de « La Françafrique. Le plus long scandale de la République », « Noir silence »…

Une œuvre à découvrir particulièrement aujourd’hui, au moment du déferlement médiatique accompagnant l’intervention française au Mali, et soulignant une générosité, qui risque de continuer à masquer des réalités moins reluisantes.


Comme il le dit lui-même, Vershave ouvre des placards, et les effluves qui s’en échappent ne sont guère rassurantes, style réseaux Foccart, Pasqua ou Jean-Christophe Mitterrand, dossiers Elf, présence et rôle de l’armée française au Rwanda ou en Cote d’Ivoire.

Mais ce qu’il y découvre et nous livre est tellement sidérant que l’onnuit à l'Afrique a peine à y croire et que l’on voudrait le balayer d’un revers, en le rangeant dans les catégories peu crédibles de la « théorie du complot ».

Pourtant il faut s’accrocher et au moins prêter attention, même quand on vient de loin et qu’on croit encore, comme beaucoup de Français, aux côtés positifs de la colonisation et à sa mission fondamentalement civilisatrice, à la réalité de l’aide au développement de l’Afrique depuis les années 60.


Vershave nous explique comment il a découvert le pot aux roses : en 1984, à l’appel de 126 Prix Nobel, l’association Survie dans laquelle il milite veut faire voter une loi donnant plus d’ampleur et d’efficacité à cette fameuse aide au développement. L’accueil est très bon,.. mais la loi jamais votée. C’est alors qu’en enquêtant il découvre les raisons de cette obstruction : cette aide, loin d’arriver à destination, se perd dans les eaux troubles des paradis fiscaux, pour ressortir au bénéfice personnel des potentats locaux, mis en place et maintenus par la France,.. et au financement de grands partis politiques français !

Il continue à enquêter et va amener à la lumière ce qu’il appellera la Françafrique, depuis sa naissance sous De Gaule, et les réseaux Foccart jusqu’à la « Mafiafrique » d’aujourd’hui « grâce » à la mondialisation, le tout en passant par Chirac, Pasqua, et Jean Christophe Mitterrand.

image 2Les deux raisons essentielles de la mise en place sous De Gaulle de ce système « sacrifiant les indépendances africaines à l’indépendance de la France », restent valables aujourd’hui : un, la « grandeur » de la France, la sauvegarde de son pré carré « avec un cortège d’Etats clients », deux, « l’accès aux matières premières stratégiques (pétrole, uranium) ou juteuses (le bois, le cacao, etc) »,.


Que ceux qui en doutent s’interrogent sur la durée de vie de certains régimes. D’abord les régimes qui ont intenté et perdu un procès contre Vershave : le Gabon de Omar Bongo, dont le fils Ali a pris aujourd’hui la succession ; le Tchad de Idriss Deby ; le Congo de Sassou-Nguesso. Et on pourrait ajouter le Cameroun de Paul Biya aux commandes depuis 1982 après le sinistre Ahidjo ; le Togo de Gnassingbé fils…

Faut-il croire que la raison de leur permanence est la satisfaction des besoins de leurs peuples respectifs ?.. On a le droit d’être sceptiques.

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Vershave nous dit ensuite ce que devrait et pourrait être « l’aide », et termine son intervention « sur des considérations beaucoup plus positives, en montrant que dans notre histoire, nous avons la mémoire d’avoir été capables de construire des biens publics à une échelle nationale, et qu’aujourd’hui il n’y a qu’une seule issue, qui n’est pas aussi utopique qu’on veut bien le dire : la construction de biens publics à l’échelle mondiale. Je vais montrer – poursuit-il- qu’en fait, il y a un antagonisme très clair entre une criminalité financière qui passe son temps à détruire les biens publics existants, et la possibilité de construire des biens publics renouvelés et élargis. »


Ce qu’il appelle biens publics, c’est la sécurité sociale et le droit à la santé, le droit à l’éducation, etc, tout ce qui a été gagné grâce aux luttes sociales.

Il évoque ces biens publics, car ceux-ci sont remis en cause par l’appauvrissement des finances publiques, Françafrique et Mafiafrique faisant disparaitre les richesses génératrices d’impôts dans les paradis fiscaux.

noir silenceMais on ne pourra pas défendre et développer ces biens publics nationaux sans les étendre au niveau mondial. Ce n’est pas plus utopique aujourd’hui que ne l’était hier une couverture maladie nationale, ou la mise en place des congés payés. Et c’est possible car la mise en commun est créatrice de richesses et augmente donc la part à distribuer.

« On ne préservera pas notre système national de santé et de sécurité sociale si quelque part on ne trouve pas comment soigner les autres habitants de la planète. Le médecin qui soigne des sans-papiers, il fait déjà du bien public à l’échelle mondiale, et il ne peut pas ne pas le faire, sauf à renier le serment d’Hippocrate. »

 

A méditer et à lire dans le texte pour mieux comprendre.

 

JV

 

 

 

Membre fondateur de l'association Survie, François-Xavier Vershave l'a dirigée de 1995 à 2005.

Lien vers Survie National : http://survie.org/


 

 


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