LAMPEDUSA - SOLO ANDATA

Publié le par mraplunellois

LAMPEDUSA - Aller simple

 

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Lampedusa, "Une île pleine de douleur qui porte le poids de l'indifférence du monde."  (banderolle tendue devant la mairie de la ville).

 

On savait, mais le discours dominant, répété à l'envi, - « on ne peut accueillir toute la misère du Monde » - avait fini par nous faire passer notre chemin, par nous empêcher de contribuer à remplir notre rôle d'êtres humains.


Aujourd'hui, après ce désastre, on ne peut plus se cantonner dans l'indifférence. Après l'expression de notre solidarité, on ne peut pas rester impassible, sans colère, face à la (ir)responsabilité des politiques dites « migratoires » de l'Union Européenne. Un dispositif uniquement répressif; des accords, avec les pays du sud de la Méditerrannée, ressemblant plus à un chantage économique qu'à une coopération; la pression des « pays du nord » exercée sur le gouvernement italien; celui-ci allant jusqu'à pénaliser les marins sauvant des vies au mépris des règles de la mer!


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                  Installation devant le Musée de l'immigration Porte Dorée à Paris

 

« Dans les faits, Lampedusa n'est pas la frontière de l'Europe. C'est la porte de l'Europe. Vouloir  la transformer en frontière a un prix énorme, que l'on fait payer  en vies humaines à ceux qui veulent traverser" dit la maire de la ville.

 

Chaque drame de l’immigration met pourtant à nu les déséquilibres Nord-Sud et la responsabilité des pays riches. La pauvreté, les conflits armés sont autant de raisons qui poussent chaque année des milliers de personnes à quitter leur pays.

 

 Laissons parler Aminata Traoré*, ancienne ministre du Mali et animatrice des Forums sociaux mondiaux: « L’Afrique doit résister et cesser de dormir. Le système est en crise et il devient violent parce que justement les puissances capitalistes ne peuvent plus réaliser de taux de croissance et lutter contre le chômage sans puiser dans les ressources de notre continent. »  Il faut l'écouter dire en 4 mn des choses essentielles:link

* Aminata Traoré a vu récemment l'extension à la France de son visa allemand refusé par les autorités Françaises.

 

 

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Pourtant, de l'Italie même, parviennent des voix qui nous permettent de retrouver de la dignité. Celle de Erri de Luca dans son très beau livre « Aller simple » (Gallimard, NRF) et ses poèmes offerts à tous ceux qui partent, qui à un moment de l'histoire, ont été obligés de fuir leur terre natale, tous ceux qui cherchent une terre d'accueil, pour le pire et le meilleur.

 

                                                              François GOT

 

 

 

Récit individuel (extrait) 

Avant de la voir, depuis des jours, la mer était une odeur, 
une sueur salée, chacun s’imaginait sa forme. 

Elle sera un croissant de lune couché, elle sera comme le tapis de prière, 
elle sera comme les cheveux de ma mère. 

Qu’était-elle en réalité ? Un ourlet enroulé à la fin de l’Afrique, 
les yeux éblouis de miroirs, des larmes de bienvenue. 

Sur la plage, nous buvons le thé des Berbères, 
nous faisons cuire des œufs dérobés aux oiseaux blancs. 

Des pêcheurs nous offrent des poissons lumineux, 
nous suçons la pulpe des squelettes d’arêtes transparentes. 

Le vieux à côté du feu discute avec les marchands 
du prix pour monter sur la mer de personne. 

(…) 

Nuit de patience, la mer voyage vers nous, 
à l’aube l’horizon se noie dans la poche des vagues. 

Dans notre entassement avec les femmes au milieu, 
un enfant meurt dans les bras de sa mère. 

Quel meilleur sort que la fin dans un giron, 
Ils le tendent aux vagues, un chant à voix basse. 

La mer engloutit dans un rouleau d’écume 
la feuille tombée de l’arbre des hommes. 

 

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