GENS DU VOYAGE : stop aux idées reçues !
Marc Bordigoni ouvrait ce samedi 18 janvier la première étape d'un parcours initié par le MRAP Lunellois autour des Gens du voyage. Elle sera suivie d'expositions, de débats et de films dont vous aurez le programme.
L'auditorium de la Médiathèque a accueilli 80 personnes, certaines au courant du sujet, d'autres novices et que les polémiques et les surenchères médiatico-politiques amenaient à s'informer.
Car la question est d'une confusion volontairement entretenue. M. Bordigoni est à la fois précis mais aussi narrateur d'une histoire ancestrale.
Il insiste sur la distinction entre Roms et Gens du voyage.
Les Roms sont des ressortissants européens (non-français) de Roumanie et Bulgarie amenés à émigrer pour des raisons économiques. Ces populations sédentaires dans leurs pays sont estimées entre 15 et 20.000 personnes.
Les Gens du voyage sont Français parfois depuis plusieurs siècles (et à ce titre font leur service militaire, ont participé à la Résistance, ont été déportés...). Ils sont estimés à environ 300.000 personnes. Mais la réalité a depuis longtemps débordé l'obsession du comptage qui fait que ces populations sont "sous contrôle judiciaire permanent". Sédentarisés pour certains, en déplacements saisonniers pour leur travail (foires, marchés, travail agricole)...
Même leur désignation est floue : Tziganes pour certains ou Gens du voyage (alors que des Africains ont le même livret de circulation...), ou encore Rroms (d'où les confusions actuelles). Alors que les cultures, les origines, les langues sont très diverses : de culture hispanique (gitans), germanique (manouches), slave ou balkanique... Mais il est plus facile de stigmatiser une population après l'avoir désignée comme un peuple homogène, sans regarder de trop près.
M. Bordigoni regarde de près et depuis longtemps. Son approche scientifique se mâtine d'anecdotes, d'exemples, de récits. D'où le plaisir à l'entendre et à découvrir un univers multiple, au rôle économique non négligeable (et légal, n'en déplaise), qui s'adapte sans cesse aux mutations sociales tout en gardant les assises de fortes traditions.
Catherine Lavergne
Ci-dessous l'interview de Marc Bordigoni, parue dans le Midi Libre
