ET MAINTENANT ?

Publié le par mraplunellois

Après ces élections départementales, où le double et triste constat du score élevé de l’abstention et du vote FN est incontournable, on continue comme avant, ou on cherche à comprendre et à réagir ?

Les causes sont certes multiples, et du coup les remèdes possibles aussi, mais en restant dans le champ d’intervention du MRAP, qui est le vivre ensemble, il y a déjà pas mal à faire.

Un constat déjà fait par le rapport Tuot en 2013 :

Que ce vivre ensemble soit dégradé n’est pas un scoop.

C’est pour cette raison que le premier ministre avait en 2013 commandé un rapport sur « la refondation de la politique d’intégration ». Ce rapport, rapport Tuot, et les cinq rapports qui suivirent, analysait parfaitement le phénomène, en tirant la sonnette d’alarme et en proposant des axes d’intervention.

Il remarquait qu’aujourd’hui l’intégration naturelle qui avait toujours existé ne suffisait plus.

« La machine sociale halète, cahote et tangue », disait il. Et il ajoutait que le choix de la politique d’intégration, ne devait pas oublier que « la société qui intègre se transforme autant qu’elle transforme celui qui s’intègre. Personne n’en sort le même ». Les mesures qu’il proposait partaient de ce double constat : nécessité d’intervenir, en ne confondant surtout pas, bien sur, intégration et assimilation.

Un constat caricaturé et dédaigné :

Son message n’a pas été entendu, n’a même pas été écouté. La droite l’a caricaturé ; la gauche dédaigné ; l’extrême-droite n’a même pas eu besoin d’en parler. Il n’est resté que belles paroles et décisions sans lendemain.

Et du coup aujourd’hui deux ans après, le vivre ensemble apparait plus que jamais menacé. Les fossés se creusent, les tensions s’aggravent. La machine sociale, non seulement « halète, cahote et tangue », mais elle laisse entendre des bruits inquiétants.

Un fossé qui se creuse :

D’un côté, des populations issues de l’immigration, mais depuis tant de générations qu’elles pensaient que l’examen d’entrée était derrière elles, désespèrent de constater que les discriminations perdurent, au point que certains parmi les plus jeunes ont perdu toute confiance en la République.

De l’autre, certains qui se qualifient « de souche » vivent avec angoisse l’évolution de la société, ses transformations, et rendent les premiers responsables de toutes les difficultés nées de cette évolution.

Les deux phénomènes s’autoalimentent, et c’est ce cercle vicieux et infernal qu’il faut bloquer.

En luttant contre les discriminations d’un coté et en démontant ces idées simplistes de l’autre, des idées simplistes qui malheureusement ont gangréné les esprits à gauche comme à droite, largement au-delà du vote FN.

Un FN qui se contente d’en rajouter et de jeter de l’huile sur le feu.

Encore et toujours la « lepénisation des esprits » :

Ses slogans favoris sont « On est chez nous » et « Français d’abord », sauf que, comme le remarque le sociologue JC Kaufmann dans son livre « Identités, la bombe à retardement », « …l’idée nationale ne crée qu’une identification faible (le plus souvent footballistique) glissant rapidement vers le racisme ou l’intolérance religieuse, ou un composé de « national-racisme » dans lequel le nationalisme en pensée couvre un racisme dans les faits : « Je me sens français, français menacé dans son identité, parce qu’il y a trop de Noirs et d’Arabes. » » Le glissement du nationalisme vers le racisme est d’autant plus facile qu’il est « adossé à ce marqueur très simple qu’est la couleur de peau. » Ou la fameuse « apparence musulmane » pourrait-on ajouter.

Une intervention nécessaire au plus haut niveau de l’Etat :

Donc, lutter contre les discriminations et les idées simplistes, c’est ce que l’on attend des plus hautes autorités de l’Etat, en donnant un élan comme le demandait déjà et encore le rapport Tuot dans le chapeau d’un de ses chapitres :

« Rendre confiance : les gestes fondateurs d’une ambition.

On propose ici au débat des gestes symboliques, qui souvent n’ont pas de portée pratique considérable ou ne coûtent rien au budget de l’État, mais dont la force peut être le témoignage d’un changement radical de climat, quittant l’atmosphère de crainte, de suspicion, de mépris, réels ou supposés, qui dégradent profondément le climat public et rendent illusoire tout appel à la raison. Il est vain d’appeler chacun à ses droits et devoirs, si la République ne commence pas par assumer pleinement les siens. »

Il faut y revenir.

Une intervention nécessaire aussi au niveau des élus de terrain :

Mais c’est également au niveau le plus proche que l’intervention est insuffisante et nécessaire.

On ne peut pas se contenter plus longtemps d’aller chercher en urgence entre les deux tours les abstentionnistes dans la soi-disant « communauté musulmane », en agitant l’épouvantail d’un FN qui ne leur fait pas automatiquement plus peur que la réalité qu’ils vivent.

On ne peut pas se contenter d’une élection municipale qui porte à la tête de la commune une « équipe républicaine » entre deux élections où le vote FN se lâche.

Il faut là aussi lutter contre les discriminations et les idées simplistes, et le faire savoir.

Les méthodes peuvent être diverses, mais pour notre part, nous sommes prêts à répondre à toute demande, scolaire ou grand public, avec notre matériel et nos militants, comme nous le faisons déjà là où on nous invite, avec un poids certain, constat fait sans prétention aucune.

Renforcer notre capacité d’intervention :

A propos de militants, d’adhérents ou de sympathisants, nous en avons plus que jamais besoin pour donner plus de force à nos interventions et continuer à peser.

Rejoignez nous en adhérant ou en enrichissant notre liste de mails.

Jacques Vénuleth

Président du comité local

Publié dans DEBAT

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